XU7MDC

Le Méditerranéo DX Club active une rareté pour les amateurs des bandes basses et de RTTY

 

Asie: terre de spiritisme, de capitalisme d’État sans frein, de culture millénaire et de pauvreté chronique, de contradictions éternelles et insolubles, et pourquoi pas, même une seconde demeure pour le Méditerranéo DX Club.

Les premières  invitations à participer à l’expédition du MDXC 2016 sont envoyées début mai. A la réception du mail d’Antonio, IZ8CCW, j’ouvre de suite avec fébrilité la pièce jointe,  parcours rapidement les lignes jusqu’à ce que je trouve l’information que j’attendais : « Cette année, nous allons au CAMBODGE ».

« Si vous avez aimé le Vietnam, vous allez adorer le Cambodge », semble dire Antonio, co-leader avec Gabriele I2VGW des expéditions du MDXC.

L’estimation du coût est raisonnable (environ 2000€ par personne). La période est toujours la même, début novembre, idéale car c’est la fin de la saison des pluies, et avant le début de la saison touristique. Je prête  peu d’attention à l’annonce que cette année les conditions d’hébergement seront  plus « spartiates » qu’au Vietnam en 2015. Mais nous allons au Cambodge pour faire de la radio, pas du tourisme.

Pourquoi de nouveau l’Asie, et pourquoi le Cambodge?

Malgré le fait que l’Afrique soit à notre porte et si riche en pays « most wanted », le MDXC s’est concentré depuis quelques années sur l’Orient. Après les visites du Népal, de Brunei,  du Bangladesh et en 2015 du Vietnam, logiquement le choix s’est porté maintenant sur le Cambodge.

Qu’est-ce qui nous pousse vers ces pays, parfois difficiles? I2VGW, répond: « L’Asie représente pour le MDXC un endroit irrésistible, captivant de par la confrontation des  cultures, la complexité des relations avec les populations locales, les difficultés inhérentes à ces QTH si éloignés et différents de ce à quoi nous sommes habitués,  qui nous oblige à nous adapter en permanence, culturellement  et techniquement, et, à ouvrir nos esprits trop concentrés sur notre culture occidentale.

Le fait que la saison touristique soit encore au point mort en raison de la fin de la saison des pluies, nous aidera à trouver plus facilement un hébergement  répondant aux exigences stratégiques radiophoniques.

Le Laos était également une possibilité cette année, peut-être plus recherché par les Européens que le Cambodge, mais son manque d’ouverture sur la mer et la rapidité des autorités cambodgiennes qui nous ont permis d’obtenir les licences en quelques jours, nous ont finalement fait opter pour ce dernier.

Le Cambodge occupe la 136e place parmi  les « Most Wanted » (par comparaison, la France se classe 334éme ), mais l’analyse détaillée des données des pays indochinois, attirent l’attention. Tout d’abord, sur la base de l’analyse de 18 000 logs en provenance d’Amérique du Nord, il se classe à une 56e place beaucoup plus intéressante pour nos amis américains et, deuxièmement, sur la totalité des 56 000 logs mondiaux analysés, le Cambodge est indiqué comme une entité rare (c’est-à-dire présente dans moins de 5% des logs analysés) pour les bandes basses et les modes numériques (source: www.clublog.org ).

Au Cambodge, contrairement au Vietnam, il n’y a pas d’activité radio amateur permanente, et encore moins d’association nationale de radioamateurs ; en recherchant sur QRZ.COM, nous remarquons que les quelques indicatifs attribués sont accordés exclusivement à des étrangers. À l’heure actuelle, le plus actif (peut-être le seul) de ceux-ci est Willheim « Wim » Elbers, XU7TZG (également ON6TZ), à qui nous consacrons un espace dans ces pages. Outre les expéditions et les touristes de diverses nationalités, actuellement au Cambodge il n’y a qu’un seul autre radioamateur permanent, un prêtre italien qui officie à environ 500 km de Sihanoukville.

 

La longue approche

Petit à petit l’équipe se constitue et les mois qui précédent son départ sont dédiés à la révision des antennes et des équipements et à leur conditionnement pour l’expédition. Une attention particulière pour une remise en état complète est accordée aux quatre antennes Spiderbeams, durant l’été par Michel, F5EOT et Marco, IZ2GNQ lors de plusieurs sessions à Milan. Malheureusement, au dernier moment, Michel devra renoncer à l’expédition, mais Marco, son adjoint, le remplacera admirablement. Il disposer d’un matériel pleinement  opérationnel.

Simultanément l’autre « homme-antenne », le vétéran Mario, IK4MTK et Fabio, IK4QJF, nouvel arrivant dans le groupe ont testé de nouveaux systèmes d’antennes pour bandes basses qui doivent répondre aux exigences de fonctionnement dans un environnement maritime,  aux contraintes de transports avec un volume et un poids minimal et, dans la mesure du possible, utilisables sur plusieurs bandes.

La DAE Télécommunications d’Asti propose de tester deux IC7300 récemment mis sur le marché. Un K3, un K2 et un IC7200, complètent la liste des transceivers qui  seront  amenés. Les amplis seront des ACOM 1000, un excellent compromis entre poids, fiabilité et résistance aux conditions de fonctionnement pas toujours favorables.

Pour gagner du poids, de nouveaux conteneurs Cordura remplacent les lourds tuyaux en PVC pour le transport des antennes et du matériel nécessaire aux stations. En tout c’est  plus de 400 kg de matériel divers qui seront emballés pour les besoins du voyage.

Parallèlement aux travaux techniques, les problèmes administratifs et logistiques  sont réglés par d’autres OM.

Pour pouvoir entrer au Cambodge un visa est nécessaire. Heureusement, moyennant environ 40$ chacun pourra obtenir son sésame très facilement grâce au service en ligne du ministère Cambodgien des Affaires Etrangères.

L’équipe

Comme l’expérience l’a démontré à d’autres occasions, il est conseillé de conserver au moins 80% d’OM aguerris dans la composition de l’équipe. L’insertion de trop de nouvelles recrues non expérimentées, expose à un risque de perte d’efficacité des opérations, voire un échec total.

 

Comme l’a souvent rappelé Gabriele, I2VGW, citant N2WB, YT2AD et K3LP, maîtres dans l’organisation d’expéditions «Il ne suffit pas d’être de bons opérateurs radio pour être inclus dans une expédition DX». Outre les qualités d’opérateur, les facultés d’adaptation au travail en équipe, la capacité de coexistence dans des environnements de vie restreints, avec des collègues issus de milieux et de nationalités différents, n’ayant parfois jamais cohabité auparavant ensemble, sont d’égale valeur.

Contrairement à un concours où il peut y avoir une équipe technique en support des opérateurs, en expédition, chaque membre doit nécessairement disposer d’un «bagage complet» de compétences techniques et de qualités opérationnelles, qui lui permettront d’agir efficacement  pendant  toutes les phases de l’expédition. Du montage et démontage des antennes, à la gestion des plans de bandes et des pile-up, il faut être autonome tout en respectant toute position hiérarchique d’une équipe et les objectifs définis à l’avance. Toute contribution est précieuse, sous quelque forme que ce soit, mais elle ne doit être assurée que dans le but d’améliorer l’efficacité globale des stations. Le travail doit être accompli rapidement sans laisser de place à des ambitions personnelles  ou de quelque nature que ce soit.

Tout cela n’est pas toujours facile, surtout dans un monde très individualiste  comme celui du radio amateurisme. Un conflit dans un environnement stressant est toujours possible, surtout lorsqu’il surgit entre OM se connaissant peu, entre lesquels  la confiance ne s’est pas encore établie. Celle-ci ne pouvant se créer dans un environnement inconnu, que par la compréhension mutuelle. Certainement le monde des expéditions DX n’est pas adapté pour les personnes qui ont tendance à se prendre pour des « prima donna ».

En dépit de ces exigences essentielles, le nombre de participants à une expédition MDXC ne peut pas être inférieur aux 20-22 participants pour des raisons liées au coût du transport du matériel et pour assurer la présence de 5 stations sur l’air 24 heures sur 24. Chaque absence d’un ancien est extrêmement préjudiciable car il devra être remplacé par une personne qui puisse offrir les caractéristiques décrites ci-dessus.

C’est pour cela que chaque année le MDXC ajoute quelques nouveaux opérateurs à l’équipe. Nous profitons de cet article, pour saisir  l’occasion de solliciter des offres de participation pour les expéditions futures. Des opérateurs spécialistes dans les modes numériques seront particulièrement bienvenus, mais quiconque  se reconnaissant dans le profil décrit ci-dessus est invité à se faire connaître  à Antonio.(iz8ccw@mdxc.org).

 

Jeudi 3 novembre: Allons-y

 

La veille du départ, les Om déjà arrivés, participent à une réunion de coordination au Radio Club de Busto Arsizio.

Comme chaque année, les membres d’ARI Busto, dirigés par IK2VUC Giuliano, mettent à notre disposition tous leurs moyens et leurs installations pour accueillir les OM venant de tous horizons, en les récupérant à leur arrivée dans les différents aéroports  Milanais, en leur offrant  un délicieux dîner, « la fameuse  pasta partie » qui se termine par le non moins rituel  gâteau de Roberta (XYL de Gabriele, I2VGW) et le jour du départ, en transportant les membres de l’expédition et l’ensemble du matériel à l’aéroport international de Malpensa.

Ces personnes ont travaillé pendant des années dans les coulisses des expéditions du MDXC, sans eux, les choses seraient beaucoup plus difficiles, et il n’y aura jamais assez de mots pour les remercier.

Jeudi matin, le point de rendez-vous se trouve aux comptoirs d’enregistrement du vol de Thai Airways à destination de Bangkok  prévu à 13h05. Lors de l’enregistrement nous retrouvons la longue ligne habituelle de chariots surchargés des 400 Kg de matériel amené par nos amis du radio club de Busto Aritso, les habituels visages terrifiés des agents de la compagnie aérienne qui doivent s’occuper de l’enregistrement ainsi que le mécontentement des passagers qui attendent derrière nous.

Les enregistrements se font malgré tout relativement rapidement et, surtout, sans paiement d’une surtaxe pour le surpoids des bagages, chose toujours redoutée. Sur ce point les leaders ont été inflexibles en exigeant seulement 10kg d’affaires personnelles pour chacun des opérateurs, pas un gramme de plus, les 20 autres kilos disponibles par passager étant exclusivement réservés à l’équipement.

En piste!

Après un voyage de 15 heures sans problèmes avec une escale à Bangkok, une fois arrivés à Phnom Penh, nous récupérons l’ensemble de la demi tonne de bagages et,  préparés au pire, nous nous rapprochons du contrôle douanier, innocemment, dans la file de ceux qui n’ont rien à déclarer.

Le problème le plus épineux pour une expédition est toujours le passage en douane. Partout dans le monde, les agents des douanes sont des personnes chargées de récupérer le plus d’argent possible pour le compte de leur pays, et éventuellement, dans certains cas, pour eux-mêmes. Ce travail délicat et rémunérateur est réalisé en vérifiant méticuleusement  tout ce qui traverse la frontière dans les bagages, même ceux du simple voyageur. Il est facile d’imaginer l’intérêt suscité par le passage d’une telle quantité de matériel radio et d’antennes liées à une expédition radio amateur. Incroyablement, l’agent des douanes cambodgien, une fois informé par notre leader que nous ne sommes que de simples radioamateurs, prend nos formulaires de déclaration en douane et nous laisse passer sans problème.

Encore surpris de notre bonne fortune, nous nous frayons un chemin parmi la foule qui attend à l’extérieur du terminal des arrivées. Nous sommes rejoints par les membres indonésiens de l’équipe qui étaient arrivés quelques heures plus tôt  et par  Wim, XU7TZG, notre contact local. Dans un parking à proximité un bus nous attend pour nous amener sur les lieux de l’expédition: Le Ream Beach Hôtel à Sihanoukville.

La plage de Rama

La proximité de l’aéroport international de Sihanoukville avec le QTH choisi pour l’expédition avait inspiré l’idée de profiter d’un court vol domestique (45 minutes de vol contre les quatre heures de route). Mais l’impossibilité de réserver ces vols depuis l’Europe et notre méfiance envers les compagnies aériennes locales, nous ont fait définitivement opter pour la solution routière plus longue mais sûre.

Ce choix n’a pas été sans incertitude, car la moitié du temps du voyage a été consacrée à nous sortir du trafic infernal de la grande pagaille de la capitale, tandis que l’autre moitié s’est effectuée sur des routes plus libres et plus rapides mais pas très sûres où toutes sortes de véhicules cohabitent. Nous découvrons que les règles et le style de conduite local sont vraiment particuliers, avec des dépassements parfois très dangereux. Tony, F8ATS, qui travaille comme chauffeur de transport public à Paris, a estimé que notre «pétillant» conducteur ne conserverait pas au maximum  plus de 30 minutes son permis dans n’importe quelle ville européenne. Les 2 roues, omniprésents, transportent un nombre très variable de passagers sans respecter les règles de circulation.

De toute évidence, essayer d’expliquer par e-mail à un hôtelier cambodgien nos besoins était presque impossible. Heureusement  lors de la préparation, pour résoudre les problèmes nous avons eu  l’aide de Wim XU7TZG, qui réside dans les environs. Deux visites sur place lui ont permis d’évaluer positivement un emplacement et d’avoir le feu vert par la direction de l’hôtel pour installer les équipements radio.

L’hôtel qui nous attend est situé dans le parc national Ream, à environ quatre heures de voyage de Phnom Penh et à une demi-heure de route de Sihanoukville. Le choix de ce QTH est le résultat de diverses évaluations, dont la localisation géographique avec son dégagement sur les principaux axes de trafic (Eu, JA, NA), la durée non excessive du trajet depuis la capitale et la présence de structures à notre disposition pour l’établissement des stations radio et de vie du groupe.

En arrivant en début d’après-midi, et après une rapide inspection, nous avons remarqué que:

– Les chambres sont à quelques dizaines de mètres de la mer.

– Nous avons à notre disposition 200 mètres de plage d’environ 4 mètres de large.

– La mer est habituellement calme, donc le rivage n’est pas affecté par la marée qui pourrait mettre en péril la stabilité de toutes les antennes placées là.

– Nous avons deux jetées parallèles qui s’étendent dans la mer sur environ cinquante mètres et distantes d’environ 100 mètres l’une  de l’autre.

– Il y a deux zones libres derrière la plage, à côté de notre hôtel, qui sont plus ou moins inutilisées.

Nous notons également avec regret que la seule colline de la région  (environ 200m de hauteur) est située exactement en direction du Japon en short-path et du Nord Amérique par le long-path, heureusement, nous jouissons d’une excellente ouverture pour l’Europe.

Les opérations d’installation du matériel commencent immédiatement.

Un groupe s’occupe de la mise en place des stations  dans deux chambres situées aux extrémités du bâtiment et donnant sur la plage. D’autres groupes prennent soin du montage des antennes, en donnant la priorité au 4×4 pour le 40m SSB et la verticale pour le 80m CW afin d’être opérationnel dès le soir. Vers 12 heures UTC, 18h00 locale, l’obscurité tombe rapidement mais nous pouvons déjà commencer à mettre quelques calls dans le log avec 3 stations sur l’air, une dans chaque mode.

Le samedi 5 au lever du jour, nous démarrons les quarts de trois heures pour chacun des opérateurs afin d’émettre 24 heures sur 24. Les opérateurs qui ne sont pas de service, aident à installer les dernières antennes. Au milieu de la matinée du deuxième jour, les cinq stations sont opérationnelles (2 SSB et 1 RTTY dans le même shack, 2 CW dans l’autre). Malheureusement pour des raisons de poids liées au transport des équipement, le trafic sur 6m n’a pas été prévu.

 

La routine

Pour permettre la présence sur l’air des 5 stations 24 heures sur 24 les OM sont répartis en  cinq équipes de 3 opérateurs, un par poste de travail, sur des quarts de trois heures de trafic. Grâce à cette méthode d’horaires décalés tout au long d’une journée chacun peut «vivre» les différents cycles de propagation quotidiens, depuis le pile up du début de soirée avec l’Europe, jusqu’à la tranquillité mortelle du milieu de la matinée.  Quand toutes les stations sont opérationnelles et que les équipes tournent normalement, chacun à leur tour les membres de l’équipe peuvent profiter d’un jour de liberté pour se reposer ou faire un peu de tourisme.

Chaque opérateur était responsable du choix de la bande et des antennes, cela, de façon compatible avec les autres stations. Cette situation d’autonomie de l’individu dans le choix des bandes, déjà expérimentée au Vietnam, a conduit à une flexibilité extrême pour s’adapter aux conditions de propagation d’un QTH inconnu, laissant beaucoup de place aux « instincts de chasse » des opérateurs.

Malheureusement, la proximité des antennes a donné lieu à des problèmes d’interférences entre les bandes et les modes, phénomène presque inconnu au Vietnam, où l’espace disponible était nettement plus grand.

Pour la SSB et le RTTY situés dans la même pièce la coordination était «forcée».  Pour chacune des trois stations il n’y avait qu’un seul filtre passe-bande disponible par bande. Mais les interférences entre la CW et les autres modes utilisés sur une même bande étaient devenues habituelles.

Pour être juste, cependant, il y a aussi eu de nombreuses périodes d’inactivité, parfois en raison  de l’orientation incorrecte de l’antenne en fonction des conditions de propagation à un moment donné, ou à l’utilisation d’une bande fermée à cause de l’indisponibilité d’antennes sur les bandes ouvertes, ou à la baisse d’attention de l’opérateur RUN, ou à une communication insuffisante entre les opérateurs.

 

Splatters, «Humm» gênants et autres bruits d’interférence, la non disponibilité des bandes génératrices de pile-ups pendant les ouvertures, ont peu à peu miné la capacité des opérateurs à gérer efficacement leur trafic. Au bout de quelques jours, un certain degré de mécontentement s’est répandu parmi les groupes en raison de ces soudaines interférences, parfois involontaires, parfois non. Le problème du a la proximité des antennes était inévitable et en fait, il continuera à nous embêter jusqu’à la fin de l’expédition.

Le niveau de «frustrations» montant, dû à la différence d’expérience (réelle ou auto-perçu ?), aux habitudes de fonctionnement et aussi aux différents milieux culturels nécessita  une intervention décisive des deux chefs de l’expédition pour éviter que ne se crée une sorte de guerre des gangs. I2VGW a décidé d’arrêter momentanément le trafic pour s’adresser à toute l’équipe.

Le style MDXC a toujours été loin du style militaire utilisé par certaines expéditions, laissant à l’opérateur une extrême autonomie «à l’italienne». Cependant, quand cette autonomie, au lieu d’aller dans le sens commun, tend à créer la division et l’amertume, alors les participants doivent être rappelés à l’ordre, même si cela oblige les responsables à hausser le ton.

«Le Respect de chacun» obtenu par l’échange mutuel d’informations et l’obligation de demander l’autorisation de changer de bande, est devenu à partir de ce moment le «mantra» de l’expédition.

Cela n’a pas éliminé totalement le mécontentement, mais laisser une bande ouverte en faveur des collègues opérant déjà sur la fréquence ou diminuer d’environ 30% sa puissance pour limiter les interférences sur les autres bandes, a au moins rendu les opérations plus efficaces. Dans les bandes avec une ouverture de propagation limitée, comme le 10m, il s’est avéré beaucoup plus utile d’alterner les différents modes pendant les quarts, plutôt que de chercher à faire la dernière  station japonaise.

Quoi qu’il en soit, avez-vous déjà essayé d’enlever à un dogue affamé l’os qui lui a été donné par le boucher? Ce serait beaucoup plus facile que d’essayer de retirer un opérateur de son pile-up.

Il y a eu quelques nouveautés cette année. L’aide d’un service de prévision de propagation Internet géré par K6TU (www.k6tu.net) a mis à la disposition des OM intéressés une page web dédiée au quotidien «point à point» pour XU7MDC. Parallèlement, les cartes de couverture de VOACAP (www.voacap.com), étaient toujours valables et fiables. Une autre nouveauté a été l’utilisation du service de QSO Director (http://www.qsodirector.com/) conçu et entretenu par A65DC (SA6MIW), Martin et TF8KY, Keli. Il s’agit d’un système de Log on-line en temps réel. Une fois le QSO terminé, l’OM peut trouver presque instantanément sur la page web appropriée la confirmation de son contact. Comme un «bonus», ce système fournit également l’indicatif des opérateurs de service, juste pour savoir qui est à blâmer pour la longue attente … Le principal avantage de ce service est de réduire drastiquement les contacts en double (ou triple, quadruple …) sur le même mode et la même fréquence.  C’est ce qui se passe généralement lorsqu’un OM ​doutant de la validité du contact qu’il vient de faire ou tout simplement de la prise correcte de son indicatif par l’opérateur, revient immédiatement dans le pile-up pour faire un nouveau QSO et va même réessayer de nouveau dans les jours suivants. Le phénomène est préoccupant, en considérant que l’expédition au Vietnam, l’année dernière, a enregistré 2500 dupes sur les 50000 QSO (soit 5%). Ce fut du temps volé à ceux qui avaient vraiment besoin de faire le contact en particulier pour les ATNO. Avec ce système, le nombre de dupes dans les logs de XU7MDC a chuté sensiblement à 1100 (3%), ces derniers proviennent principalement du RTTY  en raison de l’incompatibilité entre le logiciel utilisé, Logger32 pour la transmission des contacts vers le serveur de QSO Director et à des problèmes du réseau informatique hôtelier pour les autres modes même si ces problèmes ont partiellement pu être résolus en «craquant» le serveur et les points d’accès WIFI du REAM pour réaffecter des adresses réseau correctes et exclusives à nos ordinateurs.

Pour les intéressés, l’écran est toujours accessible: www.mdxc.org/xu7mdc/log-search/

Épilogue de XU7MDC

Comme dans toutes les histoires,  même les meilleures, tôt ou tard il faut une fin. Quelques jours avant le départ, commencent les discutions avec l’équipe sur la meilleure stratégie pour effectuer le démontage tout en gardant les stations le plus longtemps sur l’air. Après quelques négociations, nous avons décidé de rester actifs jusqu’à l’aube du jour du départ, sur 40m pour la SSB et 80m pour la CW. Le reste du matériel étant démonté l’après-midi précédent. Cela se fit parfois brutalement (ceux qui étaient dans le pile-up du dimanche 13 sur le 12m SSB l’auront remarqué …).

Dans la matinée du 14 novembre, après avoir éteint et emballé la dernière station, nous reprenons la route  de l’aéroport de Phnom Penh avec notre chauffeur à la conduite «FUN». Là, après de bonnes négociations financières avec la compagnie aérienne pour l’enregistrement des bagages, nous commençons notre vol de retour à la maison.

Résultats et considérations

Sur la base de l’attractivité de la destination choisie pour l’activité radio et du déclin des conditions de propagation, les organisateurs s’étaient fixés un objectif de 35000 QSO dont 7000 en RTTY et une attention particulière pour les bandes basses et le continent Américain.

Les résultats sont conformes malgré les aléas d’une propagation avec des jours avec 0 taches solaires et des SFI inférieurs à 70 et d’autres avec d’importantes perturbations géomagnétiques, des indices A désastreux  qui ont provoqués des blackouts avec de grands moment de solitude pour les opérateurs.  35438 QSO furent faits, dont 6712 QSO en RTTY et environ 9000 QSO sur les bandes basses  et ce malgré notre proximité de l’équateur et le QRM apporté par les lumières à leds de mauvaise qualité de l’hôtel et de tout l’éclairage public environnant. Le bruit aux alentours  à 59+20 dès l’allumage des réverbères a occasionné d’énormes difficultés de réception surtout sur les bandes basses (https://www.youtube.com/watch?v=SP2y-2iQJt8). Pour en diminuer les conséquences désastreuses  quotidiennement  et souvent  en vain, plusieurs antennes  de réception ont été  montées et essayées. Une beverage bidirectionnelle coupant la route s’est avérée inefficace à cause de la proximité de l’éclairage public, diverses BOG (Beverage On the Ground) le long de la plage  trop «sourdes» et finalement une Pennant de style vaguement K9AY en direction de l’Europe accrochée dans les branches d’un arbre rempli de fourmis rouges affamées, le plus loin possible des sources de rayonnements parasites fournira la moins pire des solutions. Nous aurions voulu faire beaucoup plus, mais, et ce n’est pas faute d’avoir essayé,  au vu de ces paramètres cela n’aura pas été possible.

En parcourant les tableaux de Clublog, vous remarquerez que l’expédition a effectué une moyenne de 3400 QSO par jour, avec un pic de 4671 le 7 novembre et une nette baisse le 9 et 10, jours de zéro tache solaire. La plus grosse partie du trafic a été faite, comme d’habitude, avec l’Europe (21000 QSO), suivie par l’Asie (y compris l’inépuisable Japon) avec 12000 contacts. Seulement 618 stations Américaines contactées, malgré  toute l’attention qui leur a été portée, à la fois sous forme d’appels exclusifs qu’avec des spots sur le cluster. Les bandes les plus efficaces ont été le 15, 20 et 40m (environ QSO 6000 chacune), suivie par le 17 avec 5000. Environ 11500 calls uniques ont été contactés, et, plus de 700 opérateurs ont pu faire un new one.

Pour les amateurs de statistiques, beaucoup plus de données, éditées par Clublog sont disponibles sur le site de l’expédition, (www.mdxc.org/xu7mdc/543-2/).

Bien que les objectifs soient globalement atteints, notre regret a été de ne pas avoir pu faire entrer plus de stations Nord-Américaines dans le log. Malheureusement les conditions de propagation n’ont pas permis de faire mieux .

L’expédition DX, dans cette formule Internationale, opposée à celle «entre amis» qui reste néanmoins valable, soulève des questions intéressantes d’un point de vue anthropologique et psychologique. Il n’a pas toujours été facile de rassembler un certain nombre d’individus, déjà naturellement groupés par nationalité, ou attitude à l’égard de l’activité radio (dans ce cas presque tous les Italiens opéraient en phonie et presque tous les francophones en télégraphie). Probablement une «militarisation» de l’expédition aurait rendu les opérations «plus faciles», mais ce n’est pas tout à fait dans le style du Méditerranéo DX Club et en général de nous les Italiens.

Dès leur retour, les organisateurs ont commencé à travailler sur la prochaine expédition pour 2017, qui pourrait être une surprise !

Alors qu’ils s’activent, nous « péones » allons devoir patienter jusqu’en Mai prochain pour attendre le mail d’Antonio, IZ8CCW qui annoncera officiellement la prochaine destination, pendant que vous tous, affûterez vos antennes, et vérifierez que les rotors ne sont pas bloqués à l’est…

 

Dario,  IZ4UEZ

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