D60AE, DXpedition aux Comores par F6KOP

Après le succès de l’expédition en Sierra Leone (9LY1JM) en 2019, F6KOP a essayé de résoudre l’équation magique: « où allons-nous la prochaine fois ? ». Les Comores étaient la réponse et les préparatifs ont pu commencer. La planification a été élaborée et des contacts avec les locaux établis. Peu après, nos amis du MDXC ont annoncé leur intention d’activer ce même pays. Ils ont réalisé plus de 62 000 QSO avec l’indicatif D68CCC en octobre 2019. L’équipe F6KOP a annulé ses plans vers les Comores puis s’est tourné vers la Palestine, d’où quelques 51 000 QSO ont été réalisé avec l’indicatif E44CC en février 2020. Quelques jours après notre retour, la propagation du virus Covid19 a commencé à entraîner de sévères restrictions de voyage dans le monde entier. F6KOP avait prévu une autre expédition en Afrique de l’Ouest en 2021, mais elle a dû être annulée car les restrictions étaient toujours en place. Reporter ce voyage à 2022 n’était plus une option car la situation en matière de sécurité dans ce pays s’est aggravée. Ainsi, nous nous sommes à nouveau focalisés sur l’Afrique de l’Est et les préparatifs pour les Comores ont été relancés. L’expédition était prévue pour janvier 2022. Malheureusement, la situation virale a rendu les choses trop compliquées et le voyage a dû être à nouveau reporté

Nous avons tous été témoins que le monde ne cessait de changer. La guerre en Ukraine a provoqué des augmentations drastiques des prix du carburant, de sorte que notre transporteur aérien Ethiopian a dû augmenter le prix des billets. Plus tard, une escale en Tanzanie a été ajoutée au vol d’Addis Abeba vers Moroni. Nous étions également inquiets après avoir entendu parler de combats dans le nord de l’Éthiopie, mais cela n’a finalement eu aucun impact sur notre voyage. Deux membres de l’équipe ont dû annuler leur participation, mais deux amis Irlandais les ont remplacés. F6KOP a passé d’innombrables heures pour préparer tout l’équipement dans les temps, nous étions donc prêts à partir dans la début octobre 2022.

Le 5 octobre, la majorité de l’équipe s’est réunie à l’aéroport Paris Charles de Gaulle. Un vol de nuit nous a emmenés à Addis Abeba, où nos camarades Irlandais nous ont rejoints. Le vol suivant nous a emmenés à Dar Es Salaam en Tanzanie puis enfin sur l’île de Grande Comore, à Moroni, la capitale du pays. Malheureusement, nous avons dû apprendre qu’une seule des quatre valises était arrivée d’Irlande, alors que l’ensemble des bagages de Paris était présent. Il a fallu plusieurs jours pour que les sacs manquants arrivent enfin.

Nos contacts locaux nous attendaient avec un mini bus et plusieurs voitures pour nous emmener avec nos sacs au lieu de notre expédition. Après une heure de trajet, nous sommes arrivés au Retaj Moroni qui nous a réservé un accueil chaleureux. Il était déjà tard et nous étions fatigués. Il ne restait plus beaucoup de temps pour ériger des antennes et installer les stations à la lumière du jour. L’éclairage des lampes torches et des téléphones portables ont permis d’installer quelques antennes verticales pour les bandes de 40 à 15 mètres. Une station en CW et une en SSB ont démarré le trafic juste après 19h00 UTC.

Les deux stations n’ont pas fonctionné toute la nuit, les opérateurs étaient tout simplement trop épuisés et ont dû aller se reposer. Après un petit-déjeuner commun, nous avons commencé à installer toutes les antennes et les stations. L’hôtel était situé à proximité de l’océan Indien et offrait beaucoup d’espace sur sa pelouse. Nous avons installé les verticales pour les bandes restantes ainsi que deux hexbeam, une verticale multibandes et deux antennes de réception (BOG).

Patrick, F2DX, a documenté la progression avec des photos et des vidéos, en partie avec son drone. Toutes les stations ont pu être mises en route et le log a commencé à se remplir rapidement. La propagation était bonne et permettait des QSO vers la côte ouest des USA même sur dix mètres. Les pile-up étaient soutenus. En revanche, le trafic sur 160m s’est avéré très difficile. D’abord, les BOG pour l’Europe et l’Amérique du Nord étaient sourdes. Nous avons localisé un connecteur PL défectueux et l’avons réparé, mais les deux antennes BOG n’étaient toujours pas très efficaces. Pour la plupart des QSO, nous écoutions sur la verticale. Nous avons ajouté des radians aux extrémités des BOG pour compenser la mauvaise mise à la terre. Cette performance a amélioré le 80m, mais le 160m est resté très difficile jusqu’à la fin. Nous n’étions pas satisfaits du nombre total de QSO sur cette bande. Olivier, HB9GWJ, a terminé la configuration de QO-100 le samedi et a commencé à trafiquer. Les jours suivants, la plupart des opérateurs en ont profité pour effectuer quelques QSO en SSB ou CW. Nous avons eu un problème d’amplificateur, la puissance n’a pu être élevée vers le satellite. Pour beaucoup d’entre nous, il s’agissait des premiers QSO via un satellite.

Nous essayions également le 6m, sur la Hexbeam, lorsque les conditions semblaient prometteuses. Les ouvertures ne se produisaient pas tous les jours, mais nous pouvions atteindre le sud de l’Europe, le Proche-Orient et même les Caraïbes. Malheureusement, nous avons également été victimes de pirates en FT8 sur 6m.

Les Comores sont un groupe d’îles situées entre l’Afrique orientale et Madagascar, avec comme référence IOTA AF-007. Après plus d’un siècle de protectorat français et entité française d’outre-mer, les îles (sauf Mayotte) sont devenues un pays indépendant en 1975. Leur statut DXCC a changé de FB8, FH vers D6. Les îles sont le résultat de l’activité volcanique dans la région. L’île de Grande Comore a un volcan en son centre et notre QTH est situé à l’ouest. Presque tous les matins, un énorme nuage se forme au-dessus du volcan, de la pluie ou de légers orages s’en suivent après l’heure du petit-déjeuner. Cela éloigne le soleil direct et les températures sont supportables, en contrepartie le taux d’humidité est élevé. Comme toutes les chambres d’hôtel, notre shack était équipée de la climatisation, nous en avions bien besoin pendant les heures les plus chaudes de la journée.

Le rivage de l’hôtel est constitué de roches volcaniques déchiquetées. Ce n’était pas très attrayant pour les nageurs, mais certains d’entre nous ont quand même essayé. La piscine était un endroit plus sûr pour se détendre, elle était souvent occupée par d’autres clients de l’hôtel. Les Comores étant une république fédérale islamique, nous n’avons pas osé apporter de boissons alcoolisées. Nous avons trouvé aux alentours un bar servant de la bière, ce qui nous a permis de nous désaltérer par cette température élevée.

En 2001, les Comores étaient le « repaire » de D68C, la première méga DXpedition qui a dépassé la limite de 100k QSO (168k). Récemment en 2021, deux opérateurs Polonais ont effectué 35 000 QSO depuis les Comores. Pour nous, la bande la plus active était certainement à dix mètres. Avec plus de 16 000 QSO, il a contribué pour plus de 22 % à notre décompte final de QSO. La clé de ce résultat était probablement la forte demande mondiale pour cette bande, mais aussi le fait que nous étions souvent capables d’être actifs avec deux modes simultanément (SSB et CW ou FT8). Lors de notre dernier jour, les opérateurs SSB, après une période d’appels sans réponse (probablement parce que tous les correspondants potentiels nous avaient déjà tous contactés) sont même passés en FM et ont démarré des pile-ups pour quelques centaines de QSO supplémentaires. L’effet positif de l’activité solaire accrue sur les couches F de l’ionosphère a favorisé de nombreux QSO sur les bandes hautes. Mais la même activité a également provoqué une forte couche D pendant certaines nuits, rendant les QSO sur les bandes basses plutôt difficiles. Nous avons téléchargé notre log sur Clublog quotidiennement, pour plus d’informations et de statistiques, s’y référer.

Bien sûr, nous avons été affectés par le côté obscur des expeditions. Le QRM sur nos fréquences d’émission, délibéré ou simplement par négligence, les appels continus lorsque nous répondions à une station, les longues transmissions finales CW ou répétitions de notre indicatif par notre correspondant en SSB étaient nos compagnons habituels. Ces mauvaises habitudes nous hantaient et ralentissaient considérablement notre trafic. Apparemment, ce type de comportement qui est difficile à éliminer, provient principalement d’Europe.
Si nous entendons la DX trafiquer avec quelqu’un dont l’indicatif qui n’est pas le nôtre, pourquoi continuer à appeler au lieu de se taire quelques secondes ? Si nous pouvons programmer notre manipulateur électronique ou la touche de fonction avec « RR QSL 5NN TNX 73 GL TU dit dit », pourquoi ne pas programmer une autre touche avec « 5NN TU » ? Beaucoup d’entre nous le font et pratiquent ce mode de trafic de manière exemplaire. Ils devraient être un modèle pour nous tous.
Nous avons subi des coupures de courant presque tous les jours, le groupe électrogène de l’hôtel se mettait mis en route après quelques secondes. Une seconde coupure marquait le basculement du réseau électrique. A chaque fois, cela générait une absence sur l’air car les amplis nécessitaient une période de préchauffage. Néanmoins ces pauses auraient été beaucoup plus longues sans ce générateur… Lors du dernier week-end, nous n’avons pas participé activement au concours WAG, mais nous avons fourni le multiplicateur D6. Nos amis Irlandais nous ont quittés le samedi. L’équipe restante a arrêté le trafic le lundi matin et a commencé à démanteler toutes les antennes et les stations. Les vols retours se sont déroulé sans incident nous ont ramenés avec tout notre matériel à Paris où une grève générale nous a quelque peu ralentis. Tous les TGV étaient à l’heure pour nous ramener chez nous.
Une expédition est également l’occasion de présenter notre activité au public. Lors de notre séjour, nous avons eu la visite de l’administration gérant le spectre sur le territoire Comorien. Nous leur avons expliqué notre mode de fonctionnement, avec plusieurs stations émettant en même temps dans différents mode. Suite à cela, ils ont réalisé des mesures afin de valider la conformité de nos installations.
Lors des préparatifs de l’expédition, un contact avec une école avait été planifié. Le contact a pu être établi le 12 octobre. Les élèves encadrés par les OM du radioclub F6KFT ont pu poser 10 questions sur nos activités radioamateur ainsi que sur les Comores. Ils avaient préalablement préparé des exposés avec leurs professeurs.

Dave, EI9FBB ; Jérémy, EI5GM ; Bruno, F5AGB ; Julien, F8AVK ; Olivier, HB9GWJ ; Éric, ON7RN ; Franck, F4AJQ ; Xavier, F5NTZ ; Patrick, F2DX ;
Andreas, DL3GA ; Misho, F6GGV ; Jean-Luc, F1ULQ; Damien, F4AZF, Philippe, F8EFU ; Kenneth, OZ1IKY.

Merci au radio-club F6KOP pour l’organisation sans faille, nos sponsors (dont le REF et le CDXC) et nos supporters. Des expéditions de cette ampleur seraient difficilement possibles sans eux. Le site de l’expédition F6KOP rassemble plus d’informations et de détails à ce sujet. Patrick F2DX a réalisé une vidéo résumant ces jours passés tous ensemble : https://www.youtube.com/watch?v=4vjxmz6fBfQ

Une expédition ne se termine pas sans la question habituelle: Où allons-nous la prochaine fois ? Restez à l’écoute…

QSL D60AE
Statistiques bandes/ modes
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